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Semaine alpinisme / Mont-Rose

Spaghettis tour du 8 au 12 juillet

En prenant mon petit déjeûner, juste avant notre départ pour cette semaine, je me pose deux questions : va-t-on réellement déguster des spaghettis et comment survivre à notre dernière nuit prévue à Margherita à plus de 4500 mètres d'altitude ?

Avec ces deux points d'interrogation en poche, je retrouve mes compagnons à Ollon, au désormais célébrissime parking des terrains de sport, pour un premier regroupement dans deux véhicules. Nous reformons le groupe à Täsch où nous grimpons dans le train, notre masque plus ou moins bien positionné sur notre visage ; c'est le premier jour des nouvelles directives du conseil fédéral (masque obligatoire dans les TP). Nous galopons ensuite à travers les rues de Zermatt en direction des remontées mécaniques du Petit Cervin. L'arrivée à 3'883 mètres, en sortant du tunnel du téléphérique est toujours impressionnante. Je suis saisie par le contraste entre ces sommets majestueux qui nous dévoilent leur plus beau profil et les installations qui dénaturent un peu la montagne. Mais il faut tout de même reconnaître que nous en avons bien profité ce matin. Du coup, certains prennent le temps d'un petit café, d'autres posent une dernière fois leurs fesses sur de vraies lunettes de WC, avant les toilettes turques qui nous attendent toute la semaine (mais ça fait les cuisses…). 

Nous formons les cordées que nous garderons intactes toute la semaine, ou presque et commençons notre traversée du glacier jusqu'au Pollux, notre premier objectif de la semaine. Tout en nous éloignant des installations, je regarde une dernière fois les skieurs qui dévalent les pentes « Même pô envie ! » me dis-je à cet instant. Nous cheminons sous les Breithorn durant quelques kilomètres avant d'arriver sous la Roccia Nera. Nous laissons derrière nous le col qui mène au Schwarztor et arrivons tranquillement sous la face ouest. Elle est bien enneigée et semble en top conditions. Bertrand, notre super guide, propose de la gravir et de redescendre par la voie normale. Certaines font la moue ; la pente à l'air raide. Mais comme souvent, une fois dedans, ce n'est pas si pentu et surtout, ça cramponne au poil. Nous rejoignons ensuite l'arête sud-ouest et la gravissons jusqu'au sommet, à 4'092 mètres. Le premier 4000 est dans la poche. Le vent souffle assez fort et nous descendons rapidement en direction de la dépose du matériel, puis jusqu'au refuge des guides du Val d'Ayas, où nous attendent une petite boisson rafraichissante et des gardien et aides-gardiens un peu… originaux, mais aux petits oignons pour notre groupe.  A la question « Soupe ou pâtes en entrée ? », je jubile ! La pasta, le premier soir ? Trop chouette ! Voilà une semaine qui s'annonce bien. Tellement bien, que c'est la peau du ventre bien tendue (voire un peu trop) que je me hisse tant bien que mal dans mon sac à viande pour une nuit somme toute pas si mauvaise que ça. 

Le lendemain, c'est presque la grasse mat. Nous prenons le petit déj. à 5h00 et partons à l'assaut de notre deuxième 4'000 : Castor. La marche sur le glacier peut être rébarbative, c'est certain. Mais c'est aussi une forme de méditation. J'observe nos cordées et je me demande ce qui traverse l'esprit de chacun de mes compagnons. La pente se raidit progressivement et nous amène vers cette fameuse arête effilée. Les conditions sont bonnes ; la trace est parfaite et il y en a même une deuxième en contre-bas, pour ceux qui préfèrent. Le vent souffle en rafale, ce qui apporte un peu de piment pour cette courte traversée. Nos quatre cordées arrivent successivement au sommet, à 4'223 mètres. Mais le vent froid nous pousse à descendre rapidement afin de nous mettre à l'abri. C'est finalement au refuge Quintino Sella que nous profitons de nous ravitailler (toujours et encore la pasta pour quelques uns, une omelette pour d'autres, il y en a pour tous les goûts). Il est tellement tôt que la sieste est presque obligatoire. Quelques ronflements plus tard, nous nous retrouvons à nouveau autour de la table pour un apéro, suivi d'un bon repas, avec en entrée, devinez quoi ? La pasta !!!!! Je suis en extase ! Viva l'Italia !

Le petit déjeûner est à nouveau fixé à 5h00. Nous partons à l'assaut du Naso du Liskam qui culmine à 4272 m. La marche d'approche est un peu longuette, mais les conditions sont vraiment bonnes ; nous avons beaucoup de chance, car les glaciers sont bien enneigés, ce qui facilite grandement le cheminement. Je ne peux m'empêcher de regarder, l'eau à la bouche, le Lyskamm et toute sa traversée… Il faudra revenir, car ça a l'air incroyable. Nous arrivons finalement sous le Naso et gravissons la portion rocheuse, avant de nous retrouver dans la pente sud-ouest à 45 degrés. La glace n'est pas loin et oblige certaines cordées à tirer des longueurs. Nous devons attendre et les mollets se font sentir ! Après 60 mètres, nous sortons des difficultés et avalons le sommet. Une descente directement sous le sommet nous permet de rejoindre rapidement le glacier de Lys. Christel et Farf font des intervalles et partent à l'assaut du Balmenhorn à 4'167 m. d'altitude, tandis que le reste de la troupe chemine en direction de la Pyramide Vincent qui culmine à 4'215 m. Malgré les doutes de certaines, tout le monde parvient au sommet. Le temps est au beau fixe, tout comme le moral des troupes. L'arrivée au refuge Gnifetti, sur son promontoire rocheux est féérique. Et là, devinez ce que je croque pour mon dîner ? La pasta ? Non, encore mieux ! La pizza ruccola et jambon cru. Je me régale ! Heureusement que je n'ai pas pris (trop) de pic-nic ! Encore l'heure de la sieste…mais avec Christel et Nath, on préfère papoter sur la terrasse, les pieds en éventail. 

Le lendemain, nous partons en direction de la fameuse cabane Margherita. Bertrand, Sylvia et Nadia prennent le chemin le plus direct, tandis que Bertrand C., Nath. S, Farf, Christel, Nath. J. et moi profitons de gravir tous les 4'000 qui se dressent sur notre chemin : Balmenhorn, Corno Nero, Ludwigshöhe, Parrotspitze, Zumsteinspitze avant de rejoindre la Signalkuppe et notre hôtel 5 étoiles : la capanna Regina Margherita à 4553 mètres d'altitude. Le ciel est sans nuages et nous profitons de chaque moment. La vue et l'ambiance sont à couper le souffle que nous avons déjà relativement court, au vu de l'altitude ! La voilà donc cette fameuse cabane que j'appréhendais un peu. Sa situation est spectaculaire, il faut bien l'avouer. Un coup d'œil à l'est nous précipite dans le vide ! Quelle incroyable construction ! A l'intérieur, ça sent bon…. la pizza ! Miam, je ne peux que craquer pour une part de cet incroyable met, à une telle altitude ! J'ai faim et je savoure ! La sieste est de rigueur afin de reposer notre organisme. On ne sait trop à quoi s'attendre : nausées, maux de tête, essouflements… Finalement, tout le monde s'en sort à merveille et supporte bien ces 4'553 mètres. Il faut bien avouer que nos corps sont bien acclimatés après 4 jours de 4'000 m.

Pour la dernière étape, nous reformons de nouvelles cordées. Juste le temps de chanter « Joyeux anniversaire » à Nath. S, et Farf et moi traversons la Zumsteinspitze en direction de la Pointe Dufour. Nath S. et Bertrand font un aller et retour à la Zumsteinspitze qu'ils n'avaient pas gravi la veille, tandis que le reste du groupe redescend le long du Grenzgletscher, jusqu'à la cabane Monte-Rosa où nous nous retrouvons tous. Moi qui suis plutôt adepte des vieilles cabanes en pierres et en bois, je dois bien avouer que l'édifice est spectaculaire. Une rapide visite du réfectoire avant de nous faire chasser à l'extérieur : « Pour les toilettes, il faut passer dehors » dixit le gardien. Mais même les toilettes sont incroyables. Ce qui l'est moins, c'est la longue marche que nous devons encore parcourir pour rejoindre Rotenboden et le train pour Zermatt. Le nouveau chemin est tellement long ; il nous oblige même à remettre les crampons pour traverser le glacier. Après une dernière remontée, nous arrivons tout juste à attraper le train qui arrive en gare. L'arrivée à Zermatt nous assomme un peu ; bizarre de se retrouver parmi cette foule ; y sont pas tout à fait comme nous… Une chose est sûre, ils sentent meilleur que nous…. 

Une magnifique semaine qui se termine sur une terrasse avec des grosses chopes de breuvages divers et variés. Un immense merci à Bertrand L., notre guide ; tellement chouette calme et patient, avec toujours ses histoires infiniment drôles ! C'est un privilège de faire de la montagne avec toi ! Merci à Farf, pour toute l'organisation vraiment pas facile et pour le chouette partage de la dernière journée. Merci à Nath. J., ma copine de cordée de la semaine ! Ce fut un régal d'être avec toi. Et à vous tous, le reste du groupe, bravo. J'ai adoré toutes ces émotions partagées. La montagne en groupe, c'est beaucoup de rires, mais c'est aussi par moments les masques qui tombent, les larmes qui coulent. Je garde tous ces instants, précieusement, comme des petits trésors. 

Viva la pasta et la pizza !! Et un petit clin d'oeil à Patou que nous avons suivi toute la semaine...

Francine