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Col des Brotsets

COL DES BROTSETS dans le vent !

Dimanche 13 mars 2022

Une belle course des Alpes Vaudoises, à faire une fois dans sa vie, disait Sylvain, il a raison.

Beaucoup de variété, paysages, pentes, végétation.

Et quelque péripéties et émotions qui se terminent bien !

Ce matin-là, départ tôt, très tôt, rdv à 6h30 du stade d'Ollon, j'ai de la chance, je serai récupéré à la Barboleuse à 7h00.

Il y a du vent, du foehn depuis plusieurs jours, ça souffle bien, et ça soufflera toute la journée.

7h10 à Cergnement, départ rapide, vraiment rapide, Sylvain va vite, Violaine et Pierre, suivent, Antoni aussi, je me dis que la journée sera longue, pas de perte de temps dit le chef de course.

Rapidement, Solalex, la forêt, puis Anzeindaz, je pense que je ne tiendrai pas la journée à ce rythme, courte pause bienvenue, ouf.

Il fait froid, il faut remettre la couche enlevée un peu plus bas dans la forêt, pour traverser ce grand espace entre Anzeindaz et les premières pentes menant au Pas de La Cavagne, le passage clé du jour. Si le vent est trop fort, ça risque de compromettre le passage et nous faire changer d'objectif.

Cette approche est silencieuse, il n'y a que le bruit du vent et des couteaux, ce ne sont pas des conditions pour bavarder, et la vieille neige sous les skis ne présage pas une descente de rêve...

Pas grave, quand on aime, on ne compte pas !

La pente devient plus raide, les conversions se multiplient, le suspens du passage augmente,

Il est là, enfin ! Nous nous équipons au pied des rochers du Pas. J'étrenne piolet et crampons, 35 ans que je n'en avais pas chaussés. Sylvain organise le groupe, il monte en tête, puis Antoni, Pierre, votre narrateur et Violaine. Il y a un câble en double et une corde fixe, le tout en bon état, surtout par rapport aux descriptions que j'en avais eu, merci à ceux qui ont équipé ce passage.

Finalement, ça passe bien, mais il faut rester concentré, pas trop regarder en bas pour ceux qui ont l'appréhension du vide, ou un peu distrait comme moi, 45° de pente quand même sur une trentaine de mètres à peu près, sans se piquer les mollets avec les crampons, le piolet à la main, skis sur le dos, plus les câbles, et la corde, ce n'est pas un endroit pour rêvasser.

Tout contents d'être passés, le cœur battant. On remet skis et couteaux.

11h00 Nous respections l'horaire prévu par Sylvain, nickel !

Maintenant, pas de retour en arrière possible, reste 200m de montée pour atteindre le Col des Brotsets. Là non plus, pas le temps de discuter, trop de vent, on enlève les peaux tant bien que mal, et hop, la descente, rêvée ? Pas tout à fait, mais ça va, début de descente pas si mal, neige pas trop dure, mais un peu plus bas, la neige est toute striée et dure, ça secoue, un vrai vibromasseur ce terrain ! Je suis déjà un peu entamé, mal aux cuisses.

Tout près, les traces d'une grosse avalanche nous impressionnent, partie environ 500m plus haut, toute l'épaisseur du manteau neigeux est partie sous le sommet à l'ouest du Col des Brotsets. Ca fait réfléchir.

L'état de la neige s'améliore un peu plus bas en descendant vers le fonds de ce beau vallon qui descend vers Derborence, près des arbres dans ces pentes bien protégées du soleil, une dizaine de belles courbes signeront notre passage.

Un peu de forêt à franchir, il vaut mieux connaître pour trouver le bon passage s'il n'y a pas de traces et s'approcher du point de départ de la remontée sans être attiré par ce beau Lac de Derborence en train de dégeler, déjà en mars.

Pause casse-croûte bienvenue, je mange presque tout ce que j'ai, je me sens fatigué et me dit que la suite va être dure pour moi, surtout quand je découvre que nous allons faire 2000m de dénivelé en tout... 1250 pour le Col et 750 pour remonter par les Filasses et pas par le Pas de Cheville, aïeu !!! Je croyais 1400m en tout. Je n'ai pas bien lu le topo de Sylvain semble-t-il.

Mais du Pas de cheville, on va en reparler...

12h30 à peu près, début de la deuxième montée, on démarre par le chemin d'été, la neige est déjà rare à 1500m. La pente est raide là aussi, et le chemin sinueux dans ces arbres, un joli coin.

Deux skieurs nous rattrapent et s'intercalent parmi nous cinq...

Et là, quelque chose se détraque !

Sylvain, Violaine et Pierre sont devant les deux gars, Antoni et moi derrière, on ne se voit plus dans ces arbres et sur ce chemin tortueux. Antoni s'est arrêté pour enlever sa veste, et me dit :

« vas-y, vas-y, je te rejoins », je repars et ne voit que les deux gars devant, un seul chemin, je les suis, et cette pente raide se termine pour déboucher sur le versant d'une longue combe qui monte légèrement vers l'ouest, beaucoup de traces au sol et les deux gars toujours devant, je les suis... La tête dans le guidon, Antoni ne revient pas, (je saurai plus tard qu'il n'a pas fait qu'enlever la veste).

Confiant, je me dis que je vais rejoindre les trois devant, je suis les deux gars, l'un en split-board, l'autre à skis, je passe le petit châlet « Les Penés » et les minutes passent, je me dis « qu'est-ce qu'il fait Antoni ?

C'est bizarre, je ne vois plus Sylvain, Violaine et Pierre devant, merde ! Que se passe-t-il ? Sur le moment, je n'ai pas assez réfléchi, je me suis dit « avance ce sera toujours ça de fait » 1ère erreur ! Je pense même pour avancer à une tirade de western spaghetti « Le bon, la brute et le truand, 

- « dans la vie, il y a deux sortes de gens, ceux qui ont les revolvers, et ceux qui creusent » petite musique de Sergio Leone... Je me dit qu'à ce moment-là, je dois remonter suivant cette trace, je creuse !!!

Et j'ai avancé, plutôt vite finalement, sans m'arrêter, en suivant les deux gars vers le Pas de Cheville « d'hiver », Je pensais bêtement que Sylvain Violaine et Pierre étaient devant, et que je n'avançais pas assez vite... mais pas d'Antoni derrière, même loin, la combe donne un bon point de vue vers l'aval, je me suis même demandé s'il n'était pas descendu à Derborence.

Arrivé à 2000, au passage d'hiver du Pas de Cheville, personne ! J'envoie un SMS à Sylvain :

« il est 14h, j'attends Antoni qui est censé monter derrière moi, à 14h30 je repars vers la crêperie de Cergnement », nous en avons parlé ce matin. Je ne vérifie pas s'il y a du réseau ou pas et que le message est bien parti, 2ème erreur !

J'en profite pour me couvrir et me restaurer avec ce qui me reste, et le dernier thermos au Cynorhodon sucré est un délice, le vent s'est remis à souffler, il fait froid, j'attends Antoni, je pense au roman de Buzzatti, les Désert des Tartares, un homme attends face à un désert...

Je repars inquiet à 14h30, je regarde partout autour , je repense au passage prévu du retour de Derborence qui ne passait par le Pas de Cheville, personne, personne ! Anzeindaz, personne ! Solalex personne !

Arrivé à la Crêperie, personne du groupe ! Merdum, je les imagine inquiets, je suis loin du compte. Je m'installe à l'intérieur, commande du cidre et une crêpe, regarde mon téléphone, et je vois qu'il est en mode « avion » !!! Quel con je fais, le message n'est jamais parti, je réalise qu'ils doivent être plus qu'inquiets.

Effectivement, quelques instants plus tard, le téléphone sonna :

« Allo, Mr Barthélémy ? C'est le 144, ou êtes-vous ? »« A la Crêperie de Cergnement, je viens de me rendre compte que mon téléphone était en mode avion alors que je croyais avoir avertis mes compagnons pour qu'ils ne s'inquiètent pas »« Vos amis vous cherchent depuis 2h... (il est 15h30) Je vous les passe, restez en ligne »« Allo Sylvain... »« Où es-tu, qu'est ce qui s'est passé ? »« Je me suis retrouvé tout seul avant le châlet les Penés, attendant Antoni censé être derrière moi, et ne vous voyant pas devant les deux gars qui nous avaient doublé Antoni et moi, j'ai attendu Antoni qui n'a pas réapparu, et envoyé un message avec le téléphone en mode avion pour dire : pas de soucis je suis au Pas de Cheville, j'attends un peu Antoni, et après je vais à la Crêperie »« On t'a cherché partout, fait demi-tour, redescendu là où tu as quitté Antoni... Tu as disparu !!! »« Vous êtes loin de Cergnement ? »« Non, 10-15mn »« Alors, à tout de suite »

Et ils arrivèrent, contents, très contents de se retrouver !

Finalement, je n'ai pas vu qu'ils avaient pris un autre itinéraire que le chemin très marqué menant au Pas de Cheville d'hiver, et ça juste avant le Chalet des Penés. J'ai suivi les deux autres randonneurs.

Ensuite ils m'ont appelé mais je n'ai pas entendu, c'était déjà trop tard, et là le stress a commencé pour eux, ils ont cru aussi que j'étais redescendu à Derborence, trop fatigué, (je l'avais dit au casse-croûte que j'étais fatigué), ils sont redescendus, appelé le 144, puis remontés par le Chemin du pas de Cheville, ils m'ont même vu au loin avec les deux autres gars... mais me pensant fatigué, n'ont pas cru que c'était moi, trop loin déjà... Violaine a même dit après « Tu prépares la Patrouille ou quoi ? »

Et voilà, une bouteille de cidre et quelques crêpes plus tard, tout est bien qui finit bien.

Moralités :

- Restons à vue les uns des autres.

- Arrêt pour se regrouper aux intersections, surtout pour quitter un itinéraire très marqué.

- Un membre du groupe doit être désigné comme lanterne rouge à la descente comme à la montée.

- Pas de mode avion quand on se retrouve seul en montagne isolé du groupe.

Ça évite que le chef de course ne se fasse des cheveux blancs.

Bon ok, Sylvain est chauve. Ça n'est pas une raison ! :-)

Au final, une journée mémorable ou j'aurai beaucoup appris.

A bientôt à tous ! Sur des neiges printanières, j'espère.

Franck